Rêve horrifique
À l'origine publié sur le fédi.
Cette nuit, j’ai rêvé que je faisais partie d’une équipe de scientifiques de l’espace et qu’avec notre vaisseau spatial on se rendait dans un endroit inconnu, détecté comme « mort » par nos équipements.
Une fois arrivés sur place, on se rend compte qu’effectivement il n’y a rien du tout, à part des bâtiments en ruines.
On se rend assez vite compte qu’on a des sensations bizarres dans nos corps, des sensations que l’on n’avait jamais expérimenté avant (et comme d’habitude mon cerveau est très créatif et fait des efforts pour ça…)
Après quelques dizaines de minutes, on comprend enfin ce qu’il nous arrive : une forme de vie inconnue se sert de la matière de nos corps pour fabriquer quelque chose.
Au début, elle se réplique, c’est une sorte de petit vers blanc, comme un mini asticot.
On panique, on panique fort.
Et à ce moment on se rend compte qu’ils ont fini de se répliquer et qu’ils ont commencé à fabriquer autre chose, cette fois quelque chose d’un peu plus grand qu’eux-mêmes, mais on ne comprend pas encore quoi…
Je sais que je suis en surcharge sensorielle à cause des sensations étranges d’être modifiée de l’intérieur par ces étranges vers.
On retourne vite à notre vaisseau, et on essaie une procédure d’urgence, réservée aux cas extrêmes : le retour dans le temps.
Par chance, notre vaisseau spatial fait une sauvegarde d’état régulièrement, pour permettre une restauration en cas de catastrophe.
Une sauvegarde est faite automatiquement à chaque déplacement et donc il en existe une qui a mémorisé tout l’équipage et le vaisseau lui-même juste avant notre arrivée dans ce lieu étrange.
« Ordinateur de bord, retour dans le temps, restauration de la sauvegarde du dernier voyage »
La restauration est appliquée, avec son lot de sensations étranges et inexpliquées.
Ça semble avoir fonctionné.
Cependant, après quelques dizaines de secondes, la douleur très caractéristique des vers blancs reprend.
Avec horreur, on se rend compte qu’ils ne sont pas totalement affectés par le retour dans le temps, quelque chose les immunise presque…
Tout ce que ça leur fait, c’est quitter nos corps (qui eux sont effectivement complètement restaurés) et les paralyser quelques instants.
Panique encore plus importante dans l’équipage.
Qu’est-il possible de faire ? Comment s’en sortir ?
Le temps de réfléchir, nos corps sont encore une fois compromis, lentement mais sûrement convertis en petits machins noirs étranges.
On n’a évidemment pas le choix, nouvelle restauration.
Nouveau retour dans le temps, répit sensoriel court mais plaisant.
Les trucs noirs fabriqués par les vers ont disparus, mais les vers sont encore là et reprennent vite leur tâche.
Un membre de l’équipe a une illumination : ces trucs noirs, ce seraient des capsules spatiales, elles ont un petit moteur d’une ingénierie impressionnante, capable de convertir les rares atomes du vide spatial en énergie pure pour avancer.
Certes lentement, mais l’inertie s’accumule dans le vide intersidéral.
Et ces vers ont l’air immortels, malgré leur nature organique… ils ont le temps.
Leur plan est maintenant découvert : c’est simplement de faire pareil mais ailleurs, et se propager au hasard dans l’univers !
On a simplement dû tomber par manque de chance dans un endroit contaminé, où les gens ont soit péri à cause de ces vers et quelques-uns sont restés sur place.
Soit ces gens se sont vaporisés pour empêcher les vers d’atteindre leur but.
Impossible de le savoir… ces lieux étaient simplement vides…
Un autre membre de l’équipage a réussi à comprendre la perception qu’ont ces vers de leur environnement.
Ces êtres organiques ne sont en réalité pas vivants et sont finalement très rudimentaires, ils sont capables de traverser une autre matière organique à volonté, mais la perçoive étrangement comme un plan, en 2D, et peuvent se décaler de plan au hasard.
Ce qui explique leurs mouvements si particuliers de tâtonnement, qui devient très sûr et rapide une fois qu’ils sont à l’intérieur d’une autre matière organique.
Ces choses sans vie sont terriblement effrayantes !
Nouveau retour dans le temps, avant que nos corps soient trop abîmés pour le déclencher.
Mais cette fois, on déclenche pour la première fois de l’histoire connue un protocole d’urgence extrême.
« Ordinateur de bord, retour dans le temps, annihile cet endroit, vérifie que c’est fait, puis restaure la sauvegarde du dernier voyage »
Restauration effectuée, mais on se rend compte que notre ordinateur souffre de ces restaurations incomplètes.
Ces vers immunisés le font buguer et son corps aussi en pâtit, il devient tout flasque.
Il est important de noter que les ordinateurs de bord de nos vaisseaux sont spéciaux, ce sont des cerveaux de synthèse, donc organiques.
Par chance, ils sont enfermés dans un coffre vitré et blindés.
Notre ordinateur est donc à l’abri des vers, incapables de traverser la matière inorganique que compose ce coffre.
Une chance inouïe, en y réfléchissant !
Bref, notre ordinateur de bord semble s’endommager à chaque restauration, car les vers, immunisés, rendent la tâche difficile.
On sait désormais qu’on a un nombre limité d’essais.
Ça craint.
On fait plancher un maximum les scientifiques de l’équipage, qui arrivent malgré la douleur et la fatigue cognitive à découvrir des tas de choses sur ces mystérieux vers.
Après encore trois ou quatre restaurations, nous tenons une piste !
Un gars de l’équipe scientifique moléculaire se rend compte que ces vers ont une structure très particulière, qui ne peut être stable que dans leur configuration actuelle.
Autrement dit, en inversant la chiralité de tout l’espace dans lequel est contenu un vers, il se désintègre, car sa matière devient instable !
Le problème c’est que dans nos corps aussi, certains éléments sont instables dans ce cas… On en souffrirait aussi…
Mais la solution est au final assez simple, faire une restauration simultanément.
« Ordinateur de bord, retour dans le temps, inversion de la chiralité sur un demi parsec et restauration de la sauvegarde du dernier voyage »
Bref encore une journée où ce vaisseau scientifique condamne l’univers puis le sauve, la routine.